si je devais encore vous convaincre ....bravo à Libé !!!

Des bonnets tricotés en réseau pour mobiliser contre le cancer du sein (Photo DR)

«Ouvrage réalisé à la main, tout en pensant à celle qui le portera. Avec tous mes vœux pour un rétablissement complet, et le plus vite possible ! Laurence». Un joli bonnet en laine, et ce petit mot épinglé dessus. Pour Octobre Rose, mois où se déploient les campagnes de sensibilisation pour le dépistage du cancer du sein, une initiative originale a été lancée : tricoter des bonnets pour soutenir les femmes atteintes de ce cancer, et qui perdent souvent leurs cheveux sous l’effet de la chimiothérapie. Au cours de sa vie, une femme sur huit sera victime de cette maladie.

«J'AI TROUVÉ ÇA CONFORTABLE»

C’est Jennifer, infirmière de profession, aujourd’hui âgée de 55 ans et habitant Antibes, qui a lancé le projet. «J’ai eu un cancer du sein à quarante ans, puis une rechute à cinquante. J’avais le cuir chevelu très irrité à cause des chimios et je ne supportais pas les perruques. Les turbans me serraient trop. Une voisine m’a tricoté un bonnet et me l’a offert ; j’ai trouvé ça confortable, et je n’avais pas l’air malade»,se remémore-t-elle. Elle décide alors de faire partager aux autres femmes ce qui lui paraît être une bonne idée. «Je ne savais pas que ça allait autant marcher !» sourit celle qui compte soixante-treize bonnets au compteur, commencés dès le mois de février.

Rapidement repris sur les réseaux sociaux, relayé chez les mercières, les pharmacies, les cabinets de médecins, le projet fait des émules. Le bilan national est aujourd’hui honorable : plus de 4 000 bonnets ont déjà été confectionnés.

Par qui, au juste ? De petites mains. Qui ne se connaissent pas entre elles, la plupart du temps. A Paris, certaines se sont rencontrées ce samedi pour la première fois. Ce jour-là, Martine Fardeau-Labia, 62 ans, de Montfermeil, est chargée de récupérer les bonnets tricotés sur l’Ile-de-France pour qu’ils soient ensuite distribués aux hôpitaux partenaires du projet, dont Saint-Louis. Elle-même compte une quinzaine de bonnets à son actif. Quatre disciples du tricot ont répondu à l’appel. Souvent chargées de paquets contenant d’autres bonnets fabriqués par des copines.

LES «THE VOICE DU TRICOT»

Edith, levalloisienne au sourire bienveillant qui va sur ses 60 ans, en a tricoté vingt pendant l’été. Marie-Claude, 66 ans, retraitée après une carrière d’assistante sociale, en a tricoté dix. Laurence, la cinquantaine, est sans doute la plus chargée. Cette documentaliste, vêtue d’une veste en cuir noir et portant de gros sachets, énumère fièrement : «J’en ai tricoté dix, j’en ai apporté vingt autres, réalisés par une amie atteinte d’un cancer du sein, et dix-huit proviennent d’un café de tricot de Maisons-Alfort». Alors qu’elles ne se sont jamais vues auparavant, elles ont «tellement discuté sur Internet» qu’elles ont l’impression de se connaître. «Le physique n’a pas d’importance. Nous sommes les The Voice du tricot», s’esclaffent-elles.

Dans leur entourage, le cancer a frappé. Le premier mari de Martine a été emporté par un cancer de la gorge, Marie-Claude a perdu une amie chère, Edith a vu deux de ses frères frappés de cancers de la peau... «huit participants sur dix n’ont pas de cancer du sein, mais sont sensibilisés par le cas d’une amie, d’un proche, d’une connaissance», confirme Jennifer. Participants, et non participantes, car l’initiative a séduit quelques hommes. «Une dizaine, entre 30 et 35 ans», se réjouit Jennifer.

Tricoter un bonnet prend en moyenne entre trois et six heures, et nécessite environ une pelote de laine. Sur l’Ile-de-France, plus de 500 bonnets ont été confectionnés. Un seul regret, toutefois : que certains hôpitaux n’aient pas souhaité participer à l’opération, le projet étant tout neuf. «On va reconduire l’initiative l’an prochain, on aura plus de temps pour s’organiser et on sera déjà plus connues !» affirme Martine. Objectif national pour 2014 ? «15 000 bonnets !», lance Jennifer.

Laura FERNANDEZ RODRIGUEZ

Je précise que j'attend toujours une réponse du Midi Libre ....